27 avril 2024

« Deux claques, et au lit ! » (le préfet Mouhoud)

   C’est la réaction du préfet Mouhoud (préfet de l’Hérault) à des questions sur les émeutes récentes de jeunes de banlieue. Critiquable car elle donne à croire que les parents n’élèvent pas leurs enfants comme il convient, alors que la très grande majorité d’entre d’eux le font et s’efforcent de leur faire faire des études sérieuses. Critiquable aussi car dans un certain nombre de cas, la famille est monoparentale avec une mère seule qui travaille à l’extérieur et n’a pas le temps ni l’énergie d’élever convenablement sa progéniture. Celle-ci se laisse embringuer par les “copains” de la cité, voyous et trafiquants divers, laissent tomber l’école et gagnent beaucoup d’argent.

Enfin, il y a derrière ce discours l’idée que les parents maghrébins ne savent pas éduquer leurs enfants et qu’il faudrait les punir par des amendes, la suppression de certaines allocations ou d’autres moyens. Faut-il pourtant tout excuser et demander à la société de se substituer aux parents ? Clairement non et il est nécessaire d’encadrer davantage les jeunes, surtout les plus jeunes, de leur donner des objectifs et des valeurs républicaines et sociales, que ce soit à l’école ou dans les associations.

De l’autre côté, la police et la gendarmerie sont critiquées pour leur laxisme ou pour les “bavures”. L’accusation de laxisme est peu fondée car la philosophie générale du maintien de l’ordre en France est la force sous différentes formes, et chaque ministre de l’intérieur se croit obligé de renforcer les effectifs et les moyens. De plus il est confronté à des syndicats policiers puissants qui défendent bec et ongle leurs membres, et de fait cogèrent le ministère de I’intérieur, tout comme les syndicats enseignants cogérent celui de l’éducation nationale. Toute réforme est quasi impossible. De même les accidents, morts par balle ou autres tirés par un policier sont dans la majorité des cas imputables à un manque de formation et de d’expérience. Moins d’un an contre deux à trois ans en Allemagne où le nombre d’accidents est nettement inférieur. Voilà pourtant une réforme à mener rapidement. et qui devrait avoir l’assentiment des intéressés. Une autre, tout aussi simple, serait la suppression des contrôles d’identité qui sont vécus, à juste titre, comme vexatoires et “au faciès”.

Sur le fond, ces jeunes dont on ne peut excuser la violence, n’est-ce pas M. Mélenchon, vivent avec un sentiment d’abandon et de rejet de la société qui est pourtant la leur, et de subir un racisme qui traduit la mauvaise intégration. C’est une responsabilité collective que nous portons tous.

Richard Yung

Richard Yung, Sénateur des Français de l'étranger de 2004 à 2021, partage ici ses réactions à l'actualité.

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