S’ouvre aujourd’hui à Tunis un “procès” contre une quarantaine de personnes considérées comme ayant agi contre la sûreté de l’Etat. Parmi eux, des opposants politiques, des journalistes, des avocats. Ils n’ont vu le juge d’instruction qu’une fois en deux ans. Les charges contre eux restent vagues : contacts avec des diplomates étrangers (Américains, Français, Italiens, ressortissants de l’Union européenne), activités “maçonniques” (?). C’est en réalité un procès entièrement à charge, comme souvent dans les dictatures, qui permet au tyranneau local Kaïs Saïed d’éliminer des adversaires politiques et de maintenir un climat de peur et de suspicion.
Nous avons connu cela lors des procès de 1968 devant la Cour de sûreté de l’Etat visant le groupe “Perspectives”. Mais c’était un vrai parti révolutionnaire, marxiste-léniniste (quoique ultra minoritaire), et Bourguiba avait une autre stature que ce ridicule Saïed. Nos camarades Noureddine Ben Khedher, Gilbert Naccache, Tahar Ben Othman furent condamnés à de lourdes peines de 14 ans de prison ; même une fois libérés ils furent astreints à résidence surveillée pendant de nombreuses années. Nous allions les visiter pour montrer que l’opinion internationale ne les oubliait pas. Cela nous permit de découvrir les nombreuses provinces de la Tunisie, El Oued, Kasserine, la Mitidja, les oasis de l’ouest où ils étaient confinés…
Je suggère que nous constituions un groupe de soutien aux prévenus et futurs condamnés de ces nouveaux procès de Moscou – pardon, de Tunis.
En photo notre ami Gilbert Naccache © CC BY-SA 3.0