François Hollande l’a clairement dit : “ Les Etats-Unis ne sont plus notre allié”. C’est une période historique importante, née en 1940, qui se termine. Mais n’oublions pas que depuis leur création en 1776 les Etats-Unis ont toujours oscillé entre isolationnisme et interventionnisme. En tout cas, saluons le courage et la maîtrise dont a fait preuve Vladimir Zélensky face au tribunal que Trump avait installé dans le bureau ovale (uniquement pour les besoins de la télévision) avec comme roquet de service son vice-président JD Vance. Dans cette nouvelle phase qui s’ouvre les Etats-Unis n’assureront plus la défense de l’Europe occidentale tant que leurs intérêts essentiels ne sont pas en danger. C’était déjà la position de Barack Obama lorsqu’en 2013 il a refusé d’intervenir en Syrie.
Que ce soit un voyou, lâche et menteur comme Trump qui soit Président ne fait qu’accentuer la rupture car s’y ajoutent le déni de démocratie, la prépondérance de l’argent, le culte du chef, le complotisme, l’impérialisme. Preuve de ce changement radical d’orientation en politique étrangère nous avons vu la semaine dernière les Etats-Unis voter une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU avec des pays comme la Russie, la Corée du Nord, l’Iran, l’Algérie.
Quelles possibilités nous reste-t-il ? Pour ma part j’en vois cinq, tout en restant modeste sur les modalités de mise en oeuvre :
- L’Ukraine doit devenir membre de l’Union européenne le plus rapidement possible, ce qui implique probablement une série de décisions dérogatoires aux règles habituelles d’adhésion. Une possibilité serait de faire une communauté non plus à 27, mais limitée à ceux qui ne prennent pas leurs ordres au Kremlin.
- Nous devons mettre en place une Europe de la défense avec l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Ukraine, l’Espagne, le Portugal. Les autres pays membres de l’Union seront bienvenus s’ils adhérent à la volonté de participer à une défense européenne commune.
- Les forces nucléaires françaises pourraient être proposées pour remplacer un retrait éventuel du nucléaire américains avec des questions difficiles d’emploi, d’avions Rafale prépositionnés en Pologne et dans les pays baltiques. La décision d’emploi resterait au Président français.
- Le développement des industries d’armement dans les pays capables de le faire et en Ukraine devrait être financés par les 250 ou 300 milliards € d’avoirs de la banque de Russie qui sont investis en Europe. Les règles internationales de protection des avoirs ne s’appliquent pas dans le cas de la voyoucratie et du grand banditisme de la Poutinerie.
La proposition faite hier à Londres par une quinzaine de pays de l’OTAN d’une trêve d’un mois paraît raisonnable et permettrait de réfléchir aux prochaines étapes. Je crains toutefois que la Russie qui pour le moment a mené Trump par le bout du nez ne l’accepte.
D’ici là, nous ne devons pas perdre une seconde pour accélérer notre réarmement.