On se rappelle le célèbre discours de Dakar dans lequel Nicolas Sarkozy (en fait Henri Guaino qui avait écrit le speech) annonçait aux Africains “l’Homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire”. Cela avait fait beaucoup de bruit en Afrique, et ailleurs, car l’expression signifiait que les Africains ou bien n’avaient pas écrit leur histoire ou bien ne s’étaient pas engagés. Cheick Anta Diop a eu cette belle phrase : “Sarkozy a été victime de son nègre”.
Nous voyons qu’il n’en est rien, et je ne parle pas des grands empires maliens, ghanéens du 16ième siècle. Non, je veux dire que l’attribution du prix Goncourt 2021 à Mohamed Mbougar Sarr pour son roman “ la plus secrète mémoire des hommes” montre quelle place des auteurs africains occupent dans la littérature francophone. Je dis des auteurs car Sarr n’est pas le premier à recevoir le prix Goncourt : Marie Ndiaye, Leïla Slimani, Atiq Rahimi, Tahar ben Jelloun… et je ne mentionne pas les grands anciens comme Léopold Sédar Senghor.
Un Sérère comme Sarr : peuple du sud, du Siné Saloum, pécheurs et souvent catholiques quoique cela ne doive pas être le cas de notre Sarr, sans doute descendant de Peuls musulmans. Un peuple d’élite qui a donné deux présidents au Sénégal (Abdou Diouf étant le second) et beaucoup d’autres personnalités comme Youssou N’Dour et tant de griots et griottes.
Un livre complexe, archéologique presque, une fresque des temps : lisez-le et entrez dans l’Histoire.
librairie mollat, CC BY 3.0 https://creativecommons.org/licenses/by/3.0, via Wikimedia Commons