26 avril 2024

mourir pour Kaliningrad ?

C’est un sale coco, ce Poutine. Il suffisait de le regarder pendant son interminable diatribe lundi soir et lors de la séance de son soi-disant “conseil de sécurité”, seul à un bureau face aux différents participants disposés  en rond comme à l’école primaire et se fichant d’eux ouvertement. Un dictateur, ayant radié tout élément de démocratie dans son pays, concentrant tous les pouvoirs depuis plus de 20 ans, corrompu jusqu’au bout des ongles, ne respectant que la force et certain que les démocraties de l’ouest européen n’ont aucune volonté de s’opposer à lui.

A tout cela s’ajoute le complexe d’une URSS, puissance mondiale, disparue selon lui, pour permettre un encerclement de la Russie par les ex-pays de l’Est devenus membres de l’OTAN : Lettonie, Lituanie, Estonie, Pologne, Hongrie, Roumanie, Bulgarie (on peut ajouter la Turquie sur le flanc sud du Caucase membre de l’OTAN depuis longtemps) et, bien sûr, cause de toute cette affaire : la demande de l’Ukraine de devenir membre. Mettez-vous à sa place : que diriez-vous ou que diraient les Etats-Unis si le Mexique, Cuba, le Canada, le Groenland devenaient des pays alliés de la Russie, membres du Pacte de Varsovie ?

Mais en matière de relations internationales, seuls comptent les rapports de force et l’intérêt de son propre pays. Penser que l’Union Eropéenne puisse utiliser la force militaire n’est pas sérieux : personne en France ne sait où se trouvent le Dombass et Lougansk. Personne non plus n’est prêt à mourir pour le principe de l’intangibilité des frontières issues de la guerre. Ni les Etats-Unis ni l’Europe n’ont bougé lors de l’annexion de la Crimée en 2014 et d’une partie de la Georgie. Le ferons-nous quand les chars russes s’approcheront de Kiev : non. Ce ne serait pas l’intérêt de la France de le faire.

Poutine déroule un scénario écrit depuis longtemps et qui n’attendait que la fin des Jeux olympiques de Pékin pour être mis en oeuvre (il ne fallait pas froisser son allié Xi Jing Ping).

  Nous allons prendre des sanctions économiques et financières qui n’auront pas d’effet sur Poutine et c’est le peuple russe qui souffrira sauf si ces sanctions coupent complètement la Russie de l’économie mondiale. Le coût de la folie poutinienne pourrait alors être trop élevé.

   Pourtant l’Europe n’avance que pendant les crises et celle-ci peut avoir un effet : contraindre les pays de l’Union Européenne à développer une défense commune, même si ce n’est pas pour défendre l’Ukraine, mais pour anticiper les prochaines agressions russes vers les pays baltes, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie (si proches de l’Ukraine) et la Bulgarie.

PS pour sourire : nous pourrions aussi revendiquer et envahir l’enclave de Kaliningrad à partir de la Pologne et de la Lituanie, séparée de la Russie, et  qui appartient en fait à l’Allemagne.

Richard Yung

Richard Yung, Sénateur des Français de l'étranger de 2004 à 2021, partage ici ses réactions à l'actualité.

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