26 avril 2024

Moscou : terminus !

  La mort de Michael Gorbatchev nous rappelle la politique audacieuse qui fut la sienne quand il devint Président de l’URSS en 1985. Son analyse était que l’URSS s’épuisait à suivre les Etats-Unis et l’Europe avec une économie défaillante, et qu’ elle pouvait très bien s’effondrer du jour au lendemain. En particulier, la Russie ne pouvait suivre la course aux armements nucléaires en même temps que le coût de la guerre en Afghanistan. Gorbatchev entreprit de longues négociations d’abord avec Reagan puis avec Bush (père) pour y mettre fin, objectif qui fut atteint et le retrait de Kaboul réalisé.

 La Russie, pays riche, disposant d’une main d’œuvre formée, avec une culture d’une grande richesse, put alors se tourner vers son développement économique. Ce fut la période des années 1990 avec les privatisations qui, malheureusement, aboutirent à la constitution de monopoles aux mains des oligarques, c’est-à-dire d’une bande de mafieux issus du KGB. Entre temps, Poutine était devenu le tsar de toutes les Russies et chacun devait venir “baiser sa babouche”. C’est pourquoi, avant même l’invasion barbare de l’Ukraine en février 2022, l’économie russe était redevenue une économie de pays sous développé : exportations de pétrole, gaz et céréales, importations massives de produits de consommation, peu de PME, de moins en moins d’innovation, exode massif des cadres.

L’économie de guerre à laquelle Poutine contraint son pays ne peut qu’aggraver les choses, que ce soit par les sanctions économiques que les pays développés lui infligent, par la perte des transferts de technologies y compris dans le domaine de la Défense et par le climat politique et social mis en place sous sa dictature. Un pays démoralisé qui ne croit pas dans la politique de ses dirigeants ne peut gagner une guerre, comme on le voit avec les difficultés de l’armée russe en Ukraine.

C’est pourquoi le parallèle avec la période Gorbatchev amène à penser que, les mêmes causes entraînant les mêmes effets, l’économie russe ne tardera pas à entrer en récession si ce n’est déjà le cas, et ne pourra soutenir longtemps l’effort de guerre. Que se passera-t -il alors ? Soit Poutine quitte le pouvoir, ce qui est peu probable, soit la répression finit dans une dictature terrible et le risque de guerre avec l’Union européenne et l’OTAN  devient réel.

Kubanskiy/CC-BY-SA 3.0

Richard Yung

Richard Yung, Sénateur des Français de l'étranger de 2004 à 2021, partage ici ses réactions à l'actualité.

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