11 octobre 2024

Et pour quelques dollars de plus !

    Une banque américaine, et pas n’importe laquelle, en faillite ! On ne pensait plus que ce soit possible compte-tenu de toute la réglementation prudentielle qui a été mise en place ces dernières années. Et pourtant la Silicon Valley Bank (SVB), banque des starts up, 173 milliards de $ de dépôts, a fermé ses guichets. Elle ne peut plus rembourser les déposants et cela a entraîné un « bank run” : ces longues files de déposants à qui on répond : “on peut vous dépanner de 100 $” ou “revenez demain “.

C’est le syndrome bien connu du “vendredi soir”. A 14h, le président du conseil d’administration d’une banque appelle le gouverneur de la Banque centrale en lui disant ” Monsieur le Gouverneur, je viens de réunir mon conseil d’administration et je suis au regret de vous annoncer que nous ne pouvons plus garantir les dépôts. Nous devons déposer le bilan”. S’ensuivent divers mouvements de panique, une conversation serrée entre le ministre des Finances – qui n’est pas très content – et le gouverneur, et vers 17h un communiqué “ la Banque centrale prendra toutes les mesures nécessaires pour garantir les dépôts de la banque N…. Celle-ci rouvrira ses guichets lundi matin.”

C’est ce qui s’est passé avec la SVB qui a été prise à contrepied par la montée rapide depuis début 2022 des taux de rémunération des bons du Trésor américain à long terme, dans lesquels elle avait placé les dépôts de ses clients qui sont souvent élevés car ils disposent de crédits avant même d’investir. Or la valeur de ces bons diminue en proportion de la montée des taux, et donc la garantie des dépôts correspondants diminue. La réponse des autorités fédérales (il y en a une bonne dizaine aux Etats-Unis) est forte : la FED a annoncé ce lundi garantir tous les dépôts quel que soit leur montant, et pas seulement jusqu’à 250 000 $ comme initialement prévu. La banque peut donc rouvrir mais sera sous gestion publique, son management écarté, et toute nouvelle opération devra être approuvée. Il s’agit aussi d’éviter le jeu de domino, d’autres banques connaissant le même sort.

Que faire d’autre ? Personne ne rachètera cette banque, même pour un dollar, car on ne sait pas ce qui peut se cacher dans les méandres de son bilan. Et la garder en faillite serait plus que dangereux pour le système bancaire américain.

Mais bien sûr il y a quelque chose de paradoxal à voir ces fervents adeptes de la libre entreprise, du moins d’Etat, du moins de réglementation possible, parfois même libertariens, courir voir la FED et les autorités fédérales pour les sauver de leur amateurisme et de leur mauvaise gestion.

On a le droit de sourire et de les renvoyer interroger Donald Trump.

Richard Yung

Richard Yung, Sénateur des Français de l'étranger de 2004 à 2021, partage ici ses réactions à l'actualité.

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