5 décembre 2024

Tu me le rends, dis ?

On voit bien le sens de l’Histoire : les pays européens, accessoirement les Etats-Unis, devront dans les prochaines années restituer les objets et œuvres d’art africains qui sont dans leurs collections. Il est normal que les peuples africains veuillent se réapproprier leur culture, fierté pour eux mais aussi pour le monde entier. Pensez à ces masques Dogon, aux aloalo des tombeaux malgaches, aux totems des iles Marquises  ou aux grands tambours d’Afrique centrale, aux serrures bambara, aux masques yoruba  …. Il a fallu découvrir ce qu’on a appelé “l’art nègre” révélé par les artistes comme Picasso, Vlaminck, Derain, Braque, Apollinaire, Breton  pour que l’on prenne conscience de leur valeur.

Nos “pauvres” musées, du moins ceux qui parlent de l’Afrique, sont-ils menacés d’être vidés et de ne plus présenter que des vitrines vides ? J’ai malheureusement connu pareille expérience en Syrie où les petits musées babyloniens, akkadiens, grecs et romains de Deir Es-Zor ou Palmyre avaient été pillés ou détruits par des Djihadistes en mal de financement.

Nous ne sommes pas dans un tel cas de figure et une collaboration doit s’établir entre les pays d’Afrique et nous. Il y a bien sûr de nombreuses difficultés à résoudre, à commencer par l’opposition farouche des “vierges” terribles que sont les conservatrices des musées. En s’appuyant sur une règle législative qui établit l’intégrité des collections nationales, elles s’opposent à toute cession, puisqu’il faut une loi pour chaque objet.

Il faut également poser la question de l’accueil de ces restitutions : y a-t-il un musée ou une structure pour les accueillir ? On sait que ce n’est souvent pas le cas. En préalable une coopération dans ce domaine est certainement indispensable.

Reste l’aspect juridique : objets saisis par les militaires français ou autres, objets volés par des privés, dans certains cas achetés, et puis les dons de certains souverains.

On peut aussi imaginer que certains restent en don de longue durée dans nos musées. Car il est important de former nos jeunes générations aux arts africains. Il est également possible de réaliser des copies de bonne qualité qui soient utilisées.

On le voit, tout est possible du moment qu’il y a une bonne volonté.

Alors, tu me le  rends, dis !

Richard Yung

Richard Yung, Sénateur des Français de l'étranger de 2004 à 2021, partage ici ses réactions à l'actualité.

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