6 mai 2024

Après Nyamé, Ndjaména ?

Comme tout le monde, je pensais que le système politique nigérien, démocratique et mené par des présidents régulièrement élus comme Issoufou puis Bazoum, pourrait faire face au djihadisme et à l’impérialisme russe. Les forces françaises devaient l’aider à surveiller ses immenses frontières.

Erreur grave. Nous voilà après le Mali, la Guinée et le Burkina avec une nouvelle bande de soi-disant militaires au pouvoir. On peut se consoler en observant que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, les plus riches de la région, sont restés des pays aux élections démocratiques et proches de la France. Les autres pays vont expérimenter l’application du djihadisme sous ses différentes formes, la sécession de l’Azawad, la charia et la dictature des mollahs stupides et crasseux. Il est évident que la Russie ne servira pas de rempart militaire et ne souhaite qu’étendre son influence politique et mettre la main sur différentes ressources minières. Elle entrera rapidement en conflit avec la Chine qui considère l’Afrique comme la pourvoyeuse naturelle des matières premières nécessaires pour faire tourner l’«usine du monde ». L’Algérie qui a des milliers de kilomètres de frontières communes avec le Mali et le Niger ne sera sans doute pas ravie de voir des régimes islamiques tout autour de son Sud, mais, alliée des Russes, elle ne bougera pas. Nous devrons probablement déplacer notre dispositif militaire vers le Tchad mais cela sent la fin de la présence française au Sahel. 

Pour nous, deux observations :

  • nous devrons apprendre à vivre avec une bande sahélienne et un Sahara islamisés à 1000 km de nos frontières et à contrer des tentatives d’expansion voire de terrorisme ;
  • nous supprimons radicalement tout notre dispositif d’aide comme le font les autres pays de l’Union et l’Union elle-même. Il s’agit de punir les apprentis sorciers au pouvoir. La réalité c’est qu’eux-mêmes ne seront pas touchés, arrosés des prébendes et de la corruption. Celles et ceux qui souffriront ce sont les paysans et les habitants qui n’auront plus d’écoles, de dispensaires, d’infrastructures.

Tout ceci devrait nous amener à considérer comment se débarrasser du dictateur Poutine.

Quel meilleur moyen que de soutenir l’Ukraine encore bien plus qu’aujourd’hui, et lui permettre de battre l’armée russe !

©CC BY-SA 3.0

Richard Yung

Richard Yung, Sénateur des Français de l'étranger de 2004 à 2021, partage ici ses réactions à l'actualité.

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